Le TOP: 1-10

Voici donc le classement tant attendu des mes films préférés de 2007. Si les USA dominent le top 3, c'est l'Europe qui est largement majoritaire, cette année, avec 5 français, 3 anglais, 2 allemands, 1 roumain et 1 belge. Un canadien, un australien et... un seul asiatique.

1. L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford)
J’en disais déjà beaucoup de bien ici.

2. La Nuit nous appartient (We Own the Night)
J’en disais déjà beaucoup de bien ici.

3. 4 mois, 3 semaines, et 2 jours

J’en disais déjà beaucoup de bien ici.

4. La Vie des autres (Das Leben der Anderen)
Voir l'avis ici.

5. La Graine et le Mulet

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6. Zodiac

Retraçant une enquête policière authentique, on sait à l'avance que le tueur n'a pas été trouvé (avec preuves), on sait à l'avance que l'affaire est encore ouverte, on sait qu'on restera sur un point d'interrogation. Et ce téléphone qui sonne sans arrêt nous le rappelle inlassablement: pas de réponse. Film sur la frustration, le dernier David Fincher (Se7en, Fight Club) est pourtant passionnant de bout en bout. Le scénario, brillant, s'attarde sur les détails, s'attarde sur les personnages, explore leur psychologie : leur obsession est décortiquée morceau par morceau, elle suinte de partout. Fincher surprend par sa sobriété, sa profondeur (et dieu que c'est beau à regarder), et pousse ses acteurs au sommet de leur talent. Photo splendide, mise en scène classe, montage et musique impec, réalisme ad hoc... La maîtrise esthétique de Zodiac se fait heureusement oublier pour mieux nous embarquer dans l'enquête. Terrible.

7. Ratatouille

Pardonnez les jeux de mots culinaires faciles, mais le Pixar 2007 est un délice, en régal. Nous sommes en terrain connu: la recette Pixar, la bonne (Cars paraît tout de suite ringard, là), est d'application et les ingrédients sont là: une bonne histoire, un scénario en béton armé, des personnages archi réussis et terriblement attachants, de l'humour drôle à la pelle (et à gorges déployées, svp), une narration imparable, un rythme impec, de vraies choses à dire, et une technique toujours plus éblouissante (visuellement, c'est un sommet). Aux commandes, le génial Brad Incredible Bird, reconnaissable dans l'amour qu'il a pour son histoire et ses personnages, la passion qu'il a pour l'animation, mais aussi dans certains détails narratifs, esthétiques ou humoristiques. Le lien avec The Incredibles est renforcé par la partition de Michael Giacchino, excellente une fois de plus, le générique de fin "graphique", et le personnage de Skinner (Ian Holm jubilatoire), qui pourrait être le frère de Edna Mode.

8. De l'autre côté (Auf der anderen Seite)

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9. Persepolis
On pourrait regretter l'inévitable effet de condensation (j'ai pas lu la BD, mais ça se sent), mais comment ne pas être touché par l'histoire, par la portée universelle de cette autofiction ? De plus, la transposition d’un art à l’autre s’est fait avec intelligence : la réussite esthétique, tant dans l’animation que dans le casting vocal, est éclatante. Toujours intéressant, souvent touchant, parfois hilarant… Persepolis est un bonheur, et rien que de voir ce film exister, pour lui-même et pour le cinéma d'animation en général, c'est une vraie joie.

10. Sunshine

Quel plaisir de découvrir sans s’y attendre un film de SF qui ne prend pas le spectateur pour un demeuré, qui se donne à fond dans les (magnifiques) effets spéciaux pour rendre tout ça crédible, qui offre un scénario sans gras... La dernière partie, qui flirte avec le métaphysique, est osée et déconcertante, mais ça marche – il suffit d’être dedans. Danny Boyle, cinéaste perfectionniste, a mis le paquet: visuellement bluffant (machoire pendue les trois quarts du temps), bien écrit, bien rythmé, bien mis en musique et bien joué, Sunshine est hautement emballant. Certes, on sent qu'on aurait pu aller plus loin dans certaines idées, mais le plaisir de cinéma est là. Diablement efficace.

Le TOP: 11-20

11. La Vengeance dans la peau (The Bourne Ultimatum)

J’avais découvert les deux premiers en DVD, que j’avais trouvés très bien foutus et captivants, mais ce n’est pas vraiment comparable à la mémorable séance de ce troisième opus en salles – facteur déterminant à mon surkiffage. En tête de liste des qualités de film, la mise en scène de Paul Greengrass (The Bourne Supremacy, mais aussi United 93 et Bloody Sunday): nerveuse, urgente, improvisée en apparence, elle colle parfaitement au sujet. Et donc si on accepte les avancées technologiques délirantes des uns et des autres, ou leurs prouesses spatio-temporelles hop hop hop, on ne sait qu'en profiter un max: j'étais scotché à mon siège de la première à la dernière seconde, la machoire ouverte la moitié du temps (ce qui faisait beaucoup rire mes voisins). Casting en béton armé, script simple et efficace, musique animale, rythme à palpitations, action qui casse bien, des scènes d'anthologie à la pelle... Je n’ai pas trouvé une seconde d'ennui. LE film d'action de l'année, qui casse la règle des "épisodes 3 tout pourris de 2007" (Ocean’s 13, Spider-Man 3, Shrek 3, Les Pirates 3…).

12. The Host

Voilà peut-être l’OVNI de l’année. Le scénario, qui touche à tous les genres, est plein de surprises, de dialogues décapants, de personnages mémorables, d’idées surprenantes, de ruptures de ton/rythme saisissantes. Le ton particulièrement original est une des grandes forces du film. Si le liant est parfois incongru ou peu abouti, chaque scène fonctionne et offre son lot d’émotion (drôlerie, terreur, malaise, drame…). Pouce en l’air aussi pour le monstre (sorte de gros poisson sur pattes affamé), absolument génial. La manière dont il est mis en scène est à tous les coups bluffante. Un divertissement pas con et hautement jouissif.

13. Le Scaphandre et le papillon

L’histoire vraie de Jean-Dominique Bauby qui, paralysé à 99,9%, a écrit un livre avec sa paupière gauche. La réussite du film est de ne pas être un film triste malgré le sujet pourtant propice au larmoyant. Tout en pudeur, le film choisit la retenue et n'en fait jamais trop, tant sur la forme que dans le propos. Les idées de mise en scène de Julian Schanbel (en point de vue subjectif, par exemple) fonctionnent – aidées par les la jolie photo et les acteurs irréprochables. On vit vraiment bien ce que ressent Jean-Do, et le film reste simple, ce qui est juste et bon. Et beau. Un film très touchant, qui donne envie de mieux profiter de la vie.

14. Chronique d'un scandale (Notes on a Scandal)

Richerd Eyre signe un passionnant duel psychologique, pas foncièrement original, mais supérieurement écrit et interprété par deux actrices au sommet de leur talent. La musique de Philip Glass (on fire, le bonhomme), excessive en apparence, vient joliment exciter tout ça. Jubilatoire tout en restant bien dérangeant, le récit n'offre aucun temps mort et évite de tomber dans la caricature. Un peu de répit aurait peut-être permis de dégager plus d'émotion, mais l’ensemble est une incontestable réussite qui ne manque jamais de subtilité et de profondeur.

15. Ensemble, c’est tout

N’ayant pas lu le bouquin de Gavalda, j’ai tout découvert sur écran. Et quelle bonne surprise… Claude Berri, qui semble s'être approprié l’histoire pour en faire un film assez personnel (notamment à travers la relation avec la grand-mère), a réussi un petit film tout simple, très touchant, parfois très drôle, parfois mélancolique... Grâce aux bons dialogues et aux excellents acteurs, on est constamment dans la justesse. Pas de fausse note, pas de faute de goût. Et quel plaisir de voir un film sensible qui parle de bon sentiments (le plaisir d’être ensemble, savoir donner sans rien attendre en retour) sans tomber dans la guimauve. Un vrai bonheur.

16. Jindabyne

J’en disais déjà beaucoup de bien ici.

17. Nue Propriété

Dans cette sombre histoire de famille qui part en couille, une mère divorcée vit avec ses deux fils. Quand elle émet l'idée de vendre la maison (elle pense refaire sa vie avec son flamand de voisin), le fils blond réagit mal, avec agressivité. Le brun, qui est l'opposé du blond, est plus introverti. Nue Propriété (film belge pour ceux qui l’ignorent encore) fait partie de ce genre de film où l'on dit beaucoup avec très peu. Dans un style rêche, froid et réaliste, à la Dardenne - mais en statique: Joachim Lafosse pose sa caméra, cadre, et laisse mousser. On se dit que c'est peut-être pour mieux se concentrer sur la direction d'acteurs, mais non: la mise en scène électrifie complètement par ses cadres, la gestion du décors, la position des personnages, etc. On en sort tout tendu, car c'est prenant, bien construit, extrêmement bien joué… Très fort.

18. Lady Chatterley

Les premières louanges vont à la surprenante simplicité du film, la "banalité" de l'histoire, a priori disproportionnelle avec le temps pris pour la raconter (2h40). Mais cette longueur est très bienvenue. Pascale Ferran ne s’aventure pas dans les psychologies, s’écarte de l’intellect et prends son temps pour explorer les sensations et mettre tous les sens du spectateur en éveil. Cette dimension sensorielle s'accorde magnifiquement bien avec le parcours des deux amants, qui trouvent l'amour à travers l'exploration des plaisirs, de leur plaisir, de leur désir. Louange donc aussi à la délicatesse de la mise en scène, la justesse du regard. Le ton semble quant à lui s'essayer à divers vagabondages, entre le sérieux et le cocasse, la lucidité et la naïveté, le tutoiement et le vouvoiement. Sans aucun chantage à l’émotion voilà un film d'une belle douceur qui se prend et s'apprécie tel qu'il est, tel qu'il vient.

19. Loin d'elle (Away from her)

Très beau premier film de Sarah Polley (voir l'avis ici).

20. Le Dernier Roi d'Ecosse (The Last King of Scotland)

A travers le personnage (fictif) d'un jeune médecin écossais devenu par un concours de circonstances son médecin personnel, évocation du dictateur ougandais Idi Amin Dada, au pouvoir entre 1972 et 1979. Son régime a vu mourir plus de 300.000 Ougandais. Ce mec méritait bien un film. Le gros atout, les trois étoiles Michelin, c'est évidemment Forest Whitaker, qui livre là une life performance proprement hal-lu-ci-nante. Sa carrière sera marquée à jamais par ce rôle. Il est habité, il s'y donne corps et âme, il est son personnage jusqu'à la dernière goutte de sueur. Pour le reste, ça fonctionne. Non pas par le scénario (qui semble inabouti - mais par quel bout?), mais par la tension créée pas à pas, la construction du cauchemar, la descente aux enfers du héros… Visuellement c'est très réussi: le grain y est sublimé: celui de la photo, contrastée et très "documentaire des seventies", et celui de la peau de Amin Dada, qui luit comme il faut.

Réalisateurs

1. Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines et 2 jours)



2. Andrew Dominik (The Assassination of Jesse James By the Coward Robert Ford)



3. Abdellatif Kechiche (La Graine et le Mulet)



4. James Gray (We Own the Night)



5. David Fincher (Zodiac)



6. Paul Greengrass (The Bourne Ultimatum)

Acteurs

1. Forest Whitaker (The Last King of Scotland)

Son incarnation du dictateur Ougandais Idi Amin Dada est exceptionnelle et lui a valu en tout logique de nombreux prix dont un Oscar. En une fraction de seconde, il peut passer d'un nounours charismatique à un psychopathe sanguinaire. Rien que pour lui, il faut voir ce film.

2. Casey Affleck (The Assassination of Jesse James…, Gone Baby Gone)

C'est l'acteur de l'année. Sa performance dans le film d'Andrew Domonik, proprement prodigieuse, devrait lui valoir une reconnaissance dans le métier. Grâce au film de son frère Ben, où il joue à la perfection un détective privé plus coriace qu'on ne le pense, il se fait connaître du grand public. Bref, Casey Affleck est bien parti pour faire une immense carrière, à la Johnny Depp.

3. Joaquin Phoenix (We Own the Night)

Joaquin Phoenix (Gladiator, Walk the Line) est un acteur exceptionnel, un des meilleurs de sa génération. Il est temps que l'Académie des Oscars lui rende justice. Ce sera peut-être le cas cette fois-ci. Dans le dernier film de James Gray, il est bouleversant.

4. Gabriel Byrne (Jindabyne)

Ce bon vieux Gabriel Byrne est de retour. En grande forme.

5. Viggo Mortensen (Eastern Promises)

Pote avec Cronenberg depuis A History of Violence, Viggo Mortensen livre une fois de plus une performance mémorable. Un grand!

6. Benoît Poelvoorde (Cow-Boy)

Pour le nouveau film de son ami Benoît Mariage, Poelvoorde a mis de côté ses pitreries pour une interprétation très émouvante de ce Don Quixote wallon. Dommage que le film ne soit pas à la hauteur de sa performance, la plus belle à ce jour au rayon dramatique.

7. Matt Damon (The Bourne Ultimatum, The Good Shepherd)

Machine a tuer en quète d'identité ou agent de la CIA aveuglé par son travail, l'ami Matt Damon est depuis longtemps devenu indispensable à Hollywood. Un immense acteur qui sait tout faire et qui touche à tout.

8. Ed Harris (Copying Beethoven, Gone Baby Gone)

Le génial Ed Harris adore les rôle complexes. Son plaisir de jouer crève l'écran à tous les coups, que ce soit dans la peau de Beethoven, ou celle d'un flic pas net.

9. Jérémie Renier (Nue Propriété)

L'immense talent de notre compatriote Jérémie Rénier explose une fois de plus dans le film de Joachim Lafosse. Il faut le voir tenir tête à Isabelle Huppert...

10. Ken Watanabe (Letters from Iwo Jima)

Salut et chapeau bas à ce grand acteur Japonais qui illumine le beau film de Clint Eastwood de son charisme magnétique.

Actrices

1. Marion Cotillard (La Môme)

Quoiqu'on pense du film (hum), on ne peut pas rester indifférent face à la performance de Cotillard, hallucinante. Vraiment, elle est extraordinaire, et rien que pour elle le film vaut le déplacement.

2. Cate Blanchett (Notes on a scandal, I’m not There)

Actrice caméléon par excellence, elle est une des grandes actrices de notre époque. Elle peut tout jouer. Une prof à l'état psychologique (et libido) instable, ou un Bob Dylan plus vrai que nature.

3. Judi Dench (Notes on a scandal)

De sa génération, c'est la meilleure. Sa performance face à Cate Blanchett est mémorable.

4. Julie Christie (Away from her)

Quel plaisir de revoir cette grande dame du cinéma, ici bouleversante en épouse atteinte d'Alzeihmer.

5. Laura Dern (INLAND EMPIRE)

Quand David Lynch fait un film, il y a des chances que la trop rare Laura Dern soit dans les parages. Le film est une pénible (ou fascinante, c'est selon) abstraction de trois heures, mais Laura Dern, grandiose, crève l'écran de bout en bout. Un marathon.

6. Audrey Tautou (Ensemble, c’est tout)

Elle n'a jamais été aussi juste, aussi émouvante. Jusqu'ici, c'est son plus beau rôle. Ca fait plaisir.

7. Kate Winslet (Little Children)

Son rôle d'épouse en quète de vie meilleure lui a valu sa cinquième nomination à l'Oscar. Un jour, elle l'aura. C'est la meilleure.
8. Marina Hands (Lady Chatterley)

Son interprétation césarisée dans le très beau Lady Chatterley laisse sans voix. Et bouche bée.

9. Laura Linney (Jindabyne)

Il n'y a pas mieux que Laura Linney pour jouer les épouses au caractère fort (Mystic River, The Truman Show, The Squid and the Whale...).

10. Christina Ricci (Black Snake Moan)

Jouer une nymphomane en petite culotte enchaînée à un radiateur. La trop rare Christina Ricci aime les défis et les relève avec brio. Respect.
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